dissabte, 4 de desembre del 2010

Hubert Aquin: Prochain épisode (II)

Par rapport à la thématique de Prochain épisode, il faut souligner que, étant un roman inscrit dans l’espace autobiographique, il est fortement chargé d’aspects qui sont étroitement liés avec la vie de l’écrivain : l’amour patriotique, la révolution, l’emprisonnement et le suicide.

On commence alors pour les inclusions de l’amour patriotique d’Aquin dans le roman que l’on essaie d’analyser. Il faudrait préciser à propos de ce sujet que la patrie vient représentée sous la forme de femme. Le prénom de cette femme énigmatique est « K », qui n’en est pas l’initiale. Les critiques « y voient l’abréviation de "Québec" ou (graphie ancienne) "Kébec" ». C’est à travers cette interprétation que l’on peut établir l’analogie entre cette femme et le pays : « Mon amour, tu m’es sol natal […] ».

Tout au long du roman, la figure de K vient présentée sous la forme d’agent double : elle se place aux tranchées révolutionnaires, du côté du protagoniste, mais au même temps, elle fait partie du band contrerévolutionnaire avec H. de Heutz. Ce jeu d’agent double ne vient décrit tel quel dans le roman, mais c’est à travers la description de K, et à travers la description de la femme que le protagoniste voit avec H. de Heutz que l’on peut établir ces rapports.

En fait, Pour Aquin, K agit de la même façon que le Québec. Dans ce pays qui cherche sa liberté à travers son indépendance, une partie de la population luttera pour ces idées, mais une autre demeura attachée au fédéralisme canadien. Aquin transmet cette dualité de la société québécoise dans son roman, et il fait que son protagoniste tombe amoureux de cette femme qui représente le Québec.

K, voire le Québec, est très attachée à la révolution, le deuxième thème à développer. Le narrateur reconnaît que « [l’]histoire de la révolution de notre pays s’emmêle dans celle de nos étreintes éperdues et de nos nuits d’amour. Les premiers éclats du F.L.Q. ont lié nos vies ».

La révolution reste, donc, un thème très important du roman étant donné que c’est à travers elle que le peuple québécois pourra enfin se rendre libre. Aquin y croit :
Je n’admets pas que ce qui se préparait un certain 24 juin ne se produise pas. Un sacrement apocryphe nous lie indissolublement à la révolution. Ce que nous avons commencé, nous le finirons. […] Tout arrive.
En fait, l’écrivain a été un militant pour la souveraineté du Canada-Français : il s’est enrôlé dans le Rassemblement pour l’indépendance nationale (RIN) en 1960, il a participé du Front de libération du Québec (FLQ) et, finalement, il a créé une cellule terroriste dont il a été le seul membre.

Pourtant, et contrairement à ce que l’on puisse penser, le lieu choisi par Aquin pour placer sa révolution québécoise n’est pas le Québec, ni aucune autre ville du Canada, mais la Suisse. H. de Heutz, l’agent fédéral suisse, qui maintient des rapports avec la Gendarmerie, et dont la prononciation de son nom renvoie à « Deutsch », devient l’ennemi à vaincre. À traves cet éloignement, Hubert Aquin crée un lien de fraternité entre ces deux peuples francophones colonisés. Ce choix se trouve dans le fait qu’« [i]l y a de nombreux points en commun entre Suisses romands et Québécois : nous parlons la même langue et nous faisons partie de deux groupes minoritaires… ». Mais, pourquoi la Suisse et non pas la Belgique, par exemple? Hubert Aquin est fasciné par ce pays alpin, auquel il a souvent voyagé. Et, en plus, après avoir sorti de prison, « je m’étais installé en Suisse pour aligner des mots et regarder les Alpes […] ».

Pourtant, cette révolution voulue par le narrateur (et par Aquin) a échouée :
Arrestation, menottes, interrogatoire, désarmement. Contretemps total, cet accident banal qui m’a valu d’être emprisonné est un événement antidialectique et la contradiction flagrante du projet inavoué que j’allais exécuter l’arme au poing et dans l’euphorie assainissante du fanatisme.
L’emprisonnement est un autre point en commun entre l’auteur, le narrateur et le protagoniste, bien que les faits conduisant à leur arrestation diffèrent. Hubert Aquin va être arrêté en 1964 à bord d’une voiture volée et en possession d’une arme à feu. Pour échapper de prison, il va déclarer souffrir une folie passagère et il va être renfermé dans une clinique neuropsychiatrique, l’Institut Albert-Prévost, institution située dans l’arrondissement montréalais d’Ahuntsic-Cartierville. C’est dans cette période qu’Aquin commence à écrire Prochain épisode.

Le protagoniste, et par conséquent le narrateur, va être arrêté à Montréal, à l’intérieur de Notre-Dame, dans la Place d’Armes, où il avait figé un rendez-vous avec un chef révolutionnaire. À la suite de son arrestation, le narrateur va être conduit en prison et puis il va être renfermé dans une clinique psychiatrique où il commence à écrire son roman policier : « [é]crit par un prisonnier rançonné à dix mille guinées pour cure de désintoxication […] ».

Finalement, le dernier thème à développer est celui du suicide. Pour la critique, Hubert Aquin a été un déprimé chronique qui a essayé de se suicider, au moins, deux fois : en 1963 dans une voiture (avec 34 ans) et en 1971 dans un hôtel (avec 42 ans). Sa mort lui arrivera finalement sous forme de suicide : il le fera en 1977 (avec 48 ans) dans les jardins du collège Villa Maria (dans l’arrondissement de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce à Montréal).

L’idée du suicide, qui hante toujours l’esprit de l’écrivain, devient un thème récurrent de l’œuvre aquinienne. Les personnages des romans L’invention de la mort (écrit entre 1959 et 1961 et publié posthumément en 1991), de Choix des armes (1958) et de Trou de mémoire (1968) se suicident à l’âge de 15 ans. D’autres romans sont aussi chargés par cette fascination par la mort : dans Les rédempteurs (1952) il y a un suicide collectif; La mort de l’écrivain sera le nom qui reçoit la première partie du roman L’Antiphonaire (1969); et dans Obombre (roman inachevé publié posthumément en 1981) l’auteur joue avec un processus mortuaire qui semble être écrit dès l’au-delà.

La fascination par la mort se trouve aussi présente chez le narrateur de Prochain épisode, mais d’une façon beaucoup plus discrète : « [d]epuis l’âge de quinze ans, je n’ai pas cessé de vouloir un beau suicide : […] dans l’auto broyée l’autre hiver […]. Me suicider partout et sans relâche, c’est là ma mission ». Le narrateur, de la même façon qu’Hubert Aquin, a essayé de se suicider dans une voiture, Aquin en 1963 et le narrateur, « l’autre hiver ». Ce repère temporel peut pourtant correspondre à la vie même de l’auteur : l’auteur a commencé à écrire son roman en 1964, quand il a été envoyé en prison; donc cet autre hiver peut être probablement celui de l’année 1963. Le parallélisme entre auteur et narrateur par rapport a ce fait est alors entrevu dans ce fait.